Une étude menée par l’Institut National de Santé Publique du Québec (INSPQ) à propos de l’impact des jeux en ligne sur les joueurs a rendu en décembre dernier un verdict plutôt alarmant : ces jeux ne seraient pas aussi « inoffensifs » qu’on le dit. En comparaison avec le jeu hors-ligne, les chercheurs sont parvenus à conclure que jouer en ligne rendait les joueurs plus stressés, plus dépendants et plus pauvres.
Une forte croissance au Québec
Au Québec, il y a 96 000 joueurs en ligne qui officient pour la plupart sur des sites étrangers, tous illégaux en France. Pourtant, les revenus du site Espacejeux de Loto Québec, le seul site de jeu légal dans le pays, ont connu une augmentation estimée entre 12 et 20 % chaque année depuis trois ans. Au même moment, l’achalandage des sites a aussi connu une inflation annuelle qui est de l’ordre de 18 %. Pendant ce temps, les revenus issus des jeux de hasard traditionnels, que ce soit dans les casinos ou dans les salles de Bingo ont, pour leur part, chuté.
Le poker à lui seul draine 41 milliards de dollars dans le monde chaque année. Un chiffre que les chercheurs ont jugé trop important pour en ignorer les effets sur les joueurs.
Les problèmes d’argent
Conduite par la chercheuse Elisabeth Papineau, l’étude a pris pour échantillon 826 joueurs québécois habitués des tables de jeu physiques et/ou virtuelles. Il s’agit de personnes jouant au minimum une fois par mois sur une période de référence d’un an. L’échantillon comportait 3 types de joueurs : ceux qui jouent exclusivement en ligne, ceux qui jouent hors-ligne et ceux qui font les deux.
A en croire les conclusions de l’étude, c’est la dernière catégorie de joueurs qui serait la plus affectée par les revers du jeu. Evidemment, le premier déboire que l’on pointe du doigt est financier : les mises des joueurs en ligne sont le triple de celles de ceux qui jouent hors ligne. Mieux, ces joueurs en ligne, ainsi que ceux dits « mixtes » sont très nombreux à rapporter des dettes de jeu, des difficultés à payer les factures et à assurer les charges, du stress, des difficultés à dormir. En bref, on aboutit à une mauvaise situation financière et sociale doublée d’une consommation accrue d’alcool et de marijuana, « un cocktail idéal pour perdre son jugement » d’après Elisabeth Papineau.
A la lueur de ces résultats, l’étude conclut que l’ampleur réelle du phénomène reste sous-estimée par les autorités locales. Et pour ne pas s’arrêter à mi-chemin, les chercheurs ont également fait quelques recommandations au gouvernement.
Quelques pistes pour s’en sortir
D’après les responsables de l’enquête menée au sujet des effets du jeu en ligne sur les joueurs, le gouvernement devrait encadrer et restreindre la promotion et la commercialisation du jeu. Dans ce cadre, la bonne nouvelle c’est qu’un projet de loi a déjà été déposé à cet effet et devrait aboutir à une certification des sites privés par Loto-Québec. En attendant l’avènement du jeu responsable, les autorités rappellent aux joueurs quelques mesures à prendre soi-même : limiter le niveau de mise hebdomadaire, s’imposer des limites d’argent ou de temps, utiliser une minuterie qui sonne à chaque heure et affiche le ratio des dépenses et des gains, rappelant ainsi au joueur quand il est temps de se lever.
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